- FISSIPÈDES
- FISSIPÈDESLes Carnivores terrestres actuels, classés dans le sous-ordre des Fissipèdes, ont des membres bien dégagés du corps qui se terminent par des doigts libres, pourvus de griffes. L’appui au sol va de la digitigradie à la plantigradie, avec toute une série de positions intermédiaires; le pouce (pollex ) et le gros orteil (hallux ), souvent rudimentaires, disparaissent parfois. Très peu évolués à la naissance, les jeunes restent pendant un temps plus ou moins long dans une étroite dépendance des parents.Il suffit pourtant, après les caractères communs qui précèdent, d’évoquer des types aussi différents que l’Ours, le Tigre, le Loup, l’Hyène ou la Belette pour apprécier la grande diversité des formes actuelles.La description du chat domestique permettra de préciser les caractères fondamentaux de ce groupe.Le ChatLe pelage du Chat est abondant et sujet à des mues discrètes; il comporte deux sortes de poils: les jarres, longs et assez raides, et la bourre, formée de poils fins et courts. Les vibrisses, longs poils sensoriels, surtout abondants à la lèvre supérieure (moustaches), sont présentes aussi au menton et au-dessus des yeux.La peau est riche en glandes tégumentaires, groupées surtout en certaines régions du corps (menton, région anale). Les sécrétions odorantes de ces glandes jouent un rôle essentiel dans la reconnaissance des sexes et des congénères. Les mamelles, au nombre de quatre paires, ne sont autres que des glandes tégumentaires transformées.Les doigts, au nombre de quatre à la patte postérieure où l’hallux a disparu, au nombre de cinq à la patte antérieure où le pollex est très réduit, sont terminés par des griffes rétractiles.Le squelette présente sa plus grande originalité dans les caractères crâniens. Le massif facial est assez proéminent: une crête sagittale permet l’insertion de puissants muscles masticateurs. Le palais secondaire, complètement ossifié, s’étend jusqu’à la dernière molaire. La bulle tympanique est constituée par deux os: le tympanique et l’endotympanique dont l’affrontement constitue une crête interne, cloisonnant la bulle. Ce dernier caractère, peu apparent, a néanmoins une assez grande importance en taxonomie.Les dents, au nombre de trente, sont parfaitement adaptées au régime carnassier. Les canines sont proéminentes; la dernière prémolaire supérieure (Pm4) et la première molaire inférieure (M1), qui se correspondent lors de l’occlusion, sont très développées: ce sont les carnassières.Le système nerveux est caractérisé par l’importance des fonctions olfactive et visuelle. L’encéphale possède un bulbe olfactif très développé (type macrosmatique); les cornets situés dans les cavités nasales offrent, par leur importance, une assise très étendue à l’épithélium olfactif qui les revêt.Les yeux sont pourvus d’un tapis choroïdien responsable de leur phosphorescence dans l’obscurité.Les organes génitaux présentent, chez le mâle, des testicules extra-abdominaux et un pénis muni d’un os pénien; chez la femelle, l’utérus est bicorne et le clitoris contient une tigelle cartilagineuse. L’œstrus se répète plusieurs fois au printemps et à l’automne. L’ovulation est provoquée par le coït. Le placenta, décidu, de forme zonaire, constitue une sorte de manchon cylindrique autour de l’embryon. La gestation dure soixante-trois jours et aboutit à la mise bas de cinq ou six petits, entièrement dépendants de la mère, en raison de leur faible degré d’évolution.La plupart des caractères décrits chez le Chat se retrouvent, à quelques détails près, chez tous les Fissipèdes. Mais la diversité des formes, déjà évoquée, exige une rapide revue des différentes familles qui se regroupent en deux sous-ordres ou super-familles: les Canoidea et les Feloidea .Super-famille des CanoideaLes Canoidea sont les Fissipèdes à bulle tympanique non cloisonnée; ils sont partagés en quatre familles.Les CanidaeLes quatorze genres constituant cette famille ont tous des carnassières puissantes et des molaires broyeuses; le massif facial est allongé en museau; la patte antérieure possède cinq doigts, la postérieure quatre, avec des griffes non rétractiles. L’appui au sol est semi-digitigrade.Le chien domestique demeure une énigme zoologique, l’espèce sauvage dont il est issu demeurant inconnue. On sait cependant que le Loup et le Chacal peuvent se croiser entre eux et avec le Chien, en donnant des produits féconds.Le Loup (Canis lupus ), dont l’aire de répartition s’est beaucoup restreinte, est devenu rare dans de vastes zones de l’Europe occidentale, mais demeure commun au Canada, en Scandinavie, en Russie et en Sibérie. La stabilité des couples, la fidélité à un canton de chasse, une relative organisation collective dans la poursuite des proies sont les traits les plus caractéristiques de son comportement. Comme chez le Chien, la gestation dure soixante jours et le nombre de jeunes par portée varie de trois à douze. Le coyotte américain (C. latrans ) est une espèce voisine.Le chacal doré (Thos aureus ), qui habite le pourtour sud de la Méditerranée et l’Inde, a un régime omnivore.Le Renard (Vulpes vulpes ), très commun en Europe, habite la plus grande partie de l’hémisphère Nord; une variété septentrionale dite argentée fait, pour les besoins de la pelleterie, l’objet d’un élevage prospère aux États-Unis et en Scandinavie.Le renard polaire (Alopex logopus ), d’habitat circumpolaire, a un pelage brun l’été et blanc l’hiver, mais une variété garde toute l’année un pelage gris bleuâtre.Le fennec (Fennecus zerda ), d’habitat nord-africain, est remarquable par des grandes oreilles et le développement considérable de ses bulles tympaniques.Parmi les Canidae asiatiques, il convient de citer: le chien viverrin (Nyctereutes procyonoides ) et surtout les cuons ou dholes (Cuon alpinus ), à robe rougeâtre, qui, en bandes, chassent de gros Ongulés.Les chiens sauvages africains sont surtout représentés par le genre Lycaon ou pelage tacheté.Un certain nombre de chiens revenus à l’état sauvage, comme le dingo d’Australie, ne peuvent représenter un genre particulier pour le systématicien.Les UrsidaeLes Ours comptent, parmi leurs représentants, les plus grands Carnivores actuels. Leur corps massif, leur queue courte souvent vestigiale, leur marche plantigrade sont des caractères bien connus. Plus importante pour leur définition est la présence de cinq doigts à chaque membre, tous pourvus de griffes puissantes et non rétractiles. La denture est fortement marquée par l’adaptation à un régime omnivore avec les dents jugales, carnassières comprises, pourvues de nombreux tubercules.Dans différentes régions reculées d’Europe, subsiste l’ours brun (Ursus arctos ). Cet animal solitaire connaît en hiver une phase de repos que l’on ne peut, à proprement parler, qualifier d’hibernation. Le nouveau-né, mis au monde après une gestation de deux cents à deux cent cinquante jours, est remarquable par ses proportions très réduites: il pèse 300 g alors que sa mère pèse 200 kg.Deux espèces très voisines, l’ours noir (U. americanus ) et le grizzly (U. arctos horribilis ) sont connus en Amérique du Nord.L’ours blanc (Thalarctos maritimus ) qui peuple les régions boréales est remarquablement adapté à la vie aquatique. Les phoques et divers poissons constituent les proies favorites de cet ours exclusivement carnassier.L’ours malais (Helarctos malayanus ) est répandu en Indomalaisie, cependant que l’ours à longues lèvres (Melursus ursinus ) habite les forêts de l’Inde et du Sri Lanka.On trouve dans les régions forestières du Sud-Est asiatique l’ours à collier (Selenarctos thibetanus ).L’ours à lunettes (Tremarctos ornatus ) est l’unique représentant de cette famille en Amérique du Sud.Les ProcyonidaeRelativement proches des Ursidae , ces petits Carnivores présentent une denture plus ou moins bien adaptée à un régime omnivore. Chaque membre est pourvu de cinq doigts; l’appui au sol varie de la plantigradie à la semi-plantigradie.Le raton laveur (Procyon lotor ), commun du Canada au sud du Brésil, tire son nom de la curieuse habitude qu’il possède de laver sa nourriture, même d’origine aquatique, avant de l’ingérer.Le kinkajou (Potos flavus ) et les coatis (Nasua ) sont des genres sud-américains.Deux espèces asiatiques: le petit panda (Ailurus fulgens ) et le grand panda (Ailuropoda melanoleuca ) illustrent, surtout le dernier nommé, la parenté des Procyonidae et des Ursidae .Les MustelidaeCette famille groupe un assez grand nombre de genres, d’allure et de taille très différentes, répartis sur la totalité du globe, à l’exception de Madagascar et de l’Australie.Les membres sont généralement terminés par cinq doigts pourvus de griffes non rétractiles. L’appui au sol varie de la digitigradie à la semi-plantigradie. Les glandes odorantes anales prennent parfois un développement énorme. Le nombre des dents varie de vingt-huit à trente-six; la carnassière est toujours présente.Le genre Mustela renferme différentes espèces assez communes, de petite taille, au corps remarquablement allongé et aux pattes courtes. L’hermine (Mustela erminea ), le furet (M. furo ), le putois (M. putorius ), le vison (M. lutreola ), la belette (M. nivalis ) sont des espèces strictement carnivores; leur pelage, dans la plupart des cas, change de couleur en automne.Le genre Martes se différencie du précédent par la présence d’une prémolaire supplémentaire et par la taille plus considérable. Les espèces les plus communes sont: la martre (Martes martes ), la fouine (M. foina ), la zibeline (M. zibellina ).Les gloutons (gulo ) sont des représentants les plus grands de la famille; les mâles peuvent atteindre 35 kg et n’hésitent pas à attaquer les rennes et les élans.Chez les blaireaux (Meles ), comme d’ailleurs chez d’autres Mustelidae , l’implantation différée de l’œuf dans la paroi utérine prolonge la gestation qui dure cinq mois, au lieu d’un mois ou deux chez les espèces de même taille ne présentant pas cette particularité physiologique.Les skungs ou moufettes (Mephitis ), qui habitent l’Amérique du Nord, ont des glandes anales très développées dont ils projettent à distance le contenu nauséabond. Les zorilles (Zorilla ) africains possèdent ce même moyen de défense.Les loutres (Lutrea ) sont des Mustelidae remarquablement adaptés à la vie aquatique. Une membrane interdigitale relie les doigts. La queue très développée et musculeuse constitue le principal organe de propulsion aquatique. La plongée chez les loutres d’Eurasie et d’Amérique peut durer plusieurs minutes.La loutre marine (Enhydra ), autrefois très commune dans le Pacifique nord, des Kouriles à l’Alaska, mène une vie presque totalement aquatique. Très recherchée pour sa précieuse fourrure, elle a fait l’objet d’hécatombes, aux XVIIIe et XIXe siècles. Aujourd’hui, elle est strictement protégée.Super-famille des FeloideaCe sont les Fissipèdes à bulle tympanique cloisonnée, répartis en trois familles.Les ViverridaeConnus seulement dans les régions chaudes et tempérées de l’Ancien Monde, les Viverridae ont les membres généralement terminés par cinq doigts munis de griffes rétractiles ou non; l’appui au sol est digitigrade ou semi-plantigrade.Les civettes (Viverra ) habitent l’Afrique (V. civetta ) et l’Inde (V. zibetha ). Le contenu des glandes à musc, très développées, est expulsé périodiquement par l’animal.Les genettes sont pour l’essentiel africaines, mais une espèce (Genetta genetta ) habite l’Espagne et aussi la France.Les mangoustes sont des Viverridae de petite taille à griffes non rétractiles. Basses sur pattes, les mangoustes, au contraire des genres précédents, n’ont jamais le pelage tacheté. La plupart des mangoustes sont africaines, une espèce du genre Herpestes se rencontre dans le sud de l’Espagne; d’autres espèces du même genre sont asiatiques. Certaines mangoustes sont de grandes destructrices de serpents venimeux. Contrairement à une opinion fort répandue, il n’y a aucune immunité naturelle des mangoustes au venin: leur extrême agilité leur permet seule de triompher de leurs redoutables adversaires.De nombreux autres genres de Viverridae sont répandus en Afrique et en Asie. Signalons seulement pour terminer le curieux fossa de Madagascar (Cryptoprocta ferox ), prédateur de Lémuriens.Les HyaenidaeLes Hyènes sont en général pourvues d’une très forte denture qui leur permet de broyer les os des charognes qui constituent l’essentiel de leur nourriture; mais, à l’occasion, elles n’hésitent pas à attaquer des proies vivantes.L’allure générale de l’animal est caractéristique, avec la croupe plus basse que le garrot et la tête volumineuse.L’hyène tachetée (Crocuta crocuta ) habite l’Afrique et l’Asie occidentale, l’hyène rayée (Hyaena hyaena ) l’Afrique orientale et l’Inde.Un genre très particulier: le protèle (Proteles cristatus ), essentiellement sud-africain, est adapté à un régime entomophage et possède une denture très réduite.Les FelidaeCette famille comprend les Carnivores les mieux adaptés à la prédation des proies vivantes. Comme chez le Chat, la denture se réduit généralement à trente dents (I 3/3, C 1/1, Pm 3/2, M 1/1). Les canines sont toujours puissantes, les prémolaires aplaties latéralement et tranchantes. Les membres antérieurs sont terminés par cinq doigts, les postérieurs par quatre, avec griffes rétractiles dans la majorité des cas.Le genre Felis auquel appartient le chat domestique compte un grand nombre d’espèces de tailles variées et d’allures différentes. Les systématiciens attachent une certaine importance à l’ossification de l’appareil suspenseur du larynx, caractère commun aux espèces suivantes regroupées en plusieurs sous-genres: F. felis sylvestris ou chat sauvage d’Europe, F. felis lybica ou chat ganté qui est peut-être à l’origine du chat domestique, F. lynx comportant diverses espèces réparties en Scandinavie, en Espagne, en Asie et au Canada, F. lynx caracal africain et indien, F. leptailurus serval ou serval africain. Au genre Felis se rattachent aussi diverses espèces américaines: l’ocelot (F. leopardus pardalis ), le jaguarondi (F. herpailurus eyra ), le puma (F. puma concolor )...Le genre Panthera a, au contraire du précédent, un larynx plus mobile, par défaut d’ossification de l’appareil suspenseur. Les espèces les plus connues sont: le lion (P. leo ) répandu en Afrique, en Inde et en Asie Mineure, le tigre (P. tigris ) exclusivement asiatique, le léopard ou panthère (P. pardus ) d’Afrique, d’Asie et de Java, le jaguar (P. onca ) d’Amérique tropicale.Le genre Acinonyx se distingue des deux genres précédents par ses griffes non rétractiles et sa remarquable adaptation à la course: le guépard (A. jubatus ), à la fois africain et asiatique, peut atteindre et même dépasser la vitesse de 100 km/h.fissipèdes [fisipɛd] n. m. pl.❖♦ Zool. Vieilli. Ordre des mammifères carnivores terrestres à doigts séparés (le premier étant rudimentaire ou absent). || Les Canidés, les Ursidés, les Hyénidés, les Félidés sont des fissipèdes. — Au sing. || Un fissipède.0 Les chiens, endormis au milieu de la voie publique, se dérangent à peine, au risque de se faire broyer sous l'ongle des lourds fissipèdes ou l'orbe des roues massives.Th. Gautier, Constantinople, p. 146.
Encyclopédie Universelle. 2012.